Soudainement interdits de quitter leur domicile, des millions de Français ont fait leur première expérience du télétravail lors de la vague épidémique du printemps 2020. C’est toute la vie professionnelle et personnelle qui s’en est trouvée bouleversée. A condition d’être soigneusement menée, la révolution du télétravail offre des perspectives enthousiasmantes pour l’organisation de toute la société.
C’est peut-être une évidence : une multitude de tâches peuvent parfaitement être réalisées à distance. Pour nombre de managers et de salariés encore réticents, il est surprenant de voir à quel point le télétravail ne nuit pas à la productivité, mais peut même l’augmenter. L’amélioration continue des connexions Internet, de la formation et des outils numériques rend parfaitement opérationnelle l’organisation du travail à distance, lorsque celui-ci est possible. Le télétravail offre de multiples bénéfices. Pour les travailleurs, c’est la promesse d’un meilleur équilibre de vie et pour les entreprises, de salariés plus épanouis et plus efficaces. Le télétravail ouvre aussi de nouvelles perspectives à ceux qui n’en ont pas. Les demandeurs d’emploi pourraient postuler plus facilement à une offre éloignée si le télétravail était possible.
Une panacée le télétravail ? Il faut plutôt le penser comme un complément et non un substitut à la présence sur site. Tout le monde ou presque a pu faire l’expérience pendant l’année écoulée des désagréments du travail à distance lorsqu’il devient la norme : stress, isolement et même parfois burn out. La fin des contacts informels est particulièrement préjudiciable à ceux qui débutent dans une entreprise et ne peuvent ainsi en apprendre les codes et se former « sur le tas ». Un à trois jours de télétravail par semaine, c’est ce que souhaite une majorité de travailleurs. Il apparaît en fait que celui-ci perd de son efficacité et de sa valeur à partir du moment où le temps passé dans l’entreprise est moins important que le temps passé à la maison. Le législateur devra donc avancer avec prudence, fixant un cadre protecteur, mais laissant de larges marges de manœuvre aux partenaires sociaux. Même dans des proportions raisonnables, le développement du télétravail aura un impact positif non négligeable sur l’urbanisme, les transports et l’organisation territoriale. De moins en moins occupés, les immeubles de bureaux devront s’inventer d’autres fonctions et peut-être fournir les logements qui manquent cruellement aux grandes métropoles. La spécialisation des quartiers (résidentiels, d’affaires, de loisirs) a peut-être fait son temps. Surtout, le télétravail résonne enfin peut-être à l’échelle des territoires comme une amorce de déconcentration de l’emploi et de rééquilibrage des dynamiques économiques. L’arrivée de cadres dans des villes moyennes, voire des petites villes, représente une nouvelle opportunité pour des territoires en déclin.