La perte de confiance des populations envers leurs institutions, publiques comme privées, est un phénomène qui frappe de plein fouet nos sociétés, et particulièrement la France. Le secteur pharmaceutique se trouve en première ligne de la contestation. La couverture vaccinale recule, les médicaments prescrits ne sont pas pris et les citoyens suspectent une connivence entre les laboratoires et l’Etat. Les scandales sanitaires des dernières décennies ont également contribué à renforcer les craintes. Cette situation doit être prise très au sérieux, si l’on ne veut pas remettre en cause plus d’un siècle de progrès médical et social. Un effort de pédagogie et de transparence doit être fait.
Le manque d’information dont dispose la population et son ignorance du fonctionnement des laboratoires sont patents. En outre, même si les médias sur la santé sont de plus en plus nombreux, il existe un paradoxe : plus les Français sont informés sur la santé et plus leurs craintes en la matière sont fortes. Comment alors renouer le dialogue avec la population pour rétablir la confiance ? Faire œuvre de transparence et de pédagogie, d’abord. Il faut expliquer comment l’industrie fonctionne, que le processus et les acteurs impliqués dans l’approbation des médicaments soient mieux connus et que les liens entre pouvoirs publics, laboratoires, monde scientifique et médical soient clarifiés, pour éviter les soupçons de conflits d’intérêts et de collusion.
Il faut ensuite prendre conscience que le développement d’une attitude plus critique dans la population n’est pas forcément une évolution négative. Les patients veulent être associés aux décisions les concernant, comprendre les risques et être acteurs de leur santé. L’éducation thérapeutique doit se développer, pour démystifier la maladie et le fonctionnement du médicament.
Il serait d’ailleurs bénéfique que les pouvoirs publics agissent pour faciliter la prise de parole des professionnels de la santé à destination des citoyens, aujourd’hui sévèrement restreinte par l’interdiction de la publicité. En Espagne, des pharmaciens stars des réseaux sociaux utilisent leur notoriété pour faire passer des messages de prévention et répondre aux questions des internautes, le tout en usant d’un langage et d’une communication accessibles qui se démarquent des discours institutionnels. Il faut remédier, enfin, aux pénuries de médicament, inexplicables et révoltantes aux yeux du grand public, surtout lorsqu’elles touchent des produits fréquemment prescrits.