Parmi les 14 millions de Français touchés par des difficultés liés au logement, quatre millions ne disposent pas d’un domicile ou vivent dans des conditions très dégradées. Le problème le plus aigu concerne les sans-abri, dont le nombre continue d’augmenter. Mais au-delà de ces cas extrêmes, ce sont des millions de Français qui se trouvent fragilisés par leur logement, parce que celui-ci absorbe une part substantielle de leur revenu et les expose à la précarité ou à des défauts de paiement. Avoir un logement ne suffit pas, encore faut-il que celui-ci ne menace pas les autres besoins nécessaires à une vie stable.
Malgré l’enchaînement des lois, Alur en 2014, puis Elan en 2018, la situation ne s’améliore pas ou peu. Au cœur du problème : une insuffisance de l’offre de logements, notamment dans les catégories sociales et très sociales. Cette pénurie entraîne vétusté et précarité et fait le jeu des marchands de sommeil.
Pour lutter contre le sans-abrisme, le gouvernement a lancé le plan « Logement d’abord », inspiré de la politique du Housing First venue des Etats Unis. L’idée est d’attribuer, sans condition, un logement pérenne aux sans-abri. Cette politique, qui connaît des résultats probants en Finlande, nécessite un recensement des sans-abri ainsi que la construction de logements très sociaux. En parallèle, le gouvernement entend s’attaquer aux nouveaux visages de la précarité avec le « plan pauvreté ». Il prévoit par exemple de mieux accompagner les bénéficiaires de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) pour éviter qu’ils ne se trouvent à leur majorité sans aucune aide. Un logement, un emploi, une formation ou un soutien devront leur être proposés par les départements.
Pour construire plus, la loi Elan met en place des dispositifs pour simplifier les normes et les recours abusifs dans la construction. Elle réintroduit aussi, à titre expérimental et pour cinq ans, l’encadrement des loyers. Quant à la lutte contre l’habitat indigne, une proposition de loi prévoit la création d’une police spéciale du logement afin d’unifier les procédures et de définir une autorité unique pour éradiquer ce fléau.
La volonté ne manque pas et les instruments sont là, reste à concrétiser la construction massive de logements sans laquelle ceux-ci resteront des vœux pieux. En zone urbaine, où le foncier est rare et cher et où l’étalement prend déjà des proportions inquiétantes, la question de la verticalité se pose. Une réponse au manque chronique de logements ?