Comment penser une économie qui crée de la valeur tout en contribuant au progrès social et à la protection de notre cadre de vie ? C’est là tout le pari de l’économie sociale et solidaire (ESS), un modèle fondé sur une gestion collective et démocratique, et la poursuite d’un objectif à dimension sociale ou écologique. L’ESS se doit aussi d’être rentable. Les profits réalisés sont réinvestis et n’ont de sens que s’ils découlent d’une activité qui bénéficie à la société. Pour les citoyens, l’ESS répond à une quête de sens, à la prise de conscience des limites de notre modèle de développement. Pour l’Etat, l’ESS représente aussi un atout formidable. Elle permet en effet d’atteindre des objectifs assignés à l’action publique (chômage et désertification des territoires), tout en secondant les pouvoirs publics dans certaines de leurs missions : action sociale, transition énergétique… L’Etat ayant donc tout intérêt à favoriser le développement de l’ESS, la loi Hamon de 2014 l’a dotée de son premier cadre juridique global.
L’ESS est aussi un acteur clé des territoires en se concentrant sur des activités à portée locale. Cette identité ainsi que son fonctionnement coopératif la rendent par nature non délocalisable. Les collectivités territoriales soutiennent donc l’ESS en contribuant notamment au développement de nouvelles activités, par la création de sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) ou de pôles territoriaux de coopération économique (PTCE). Cette dimension de l’ESS est illustrée par l’essor des monnaies locales (plus d’une quarantaine), dont la France est le premier Etat à avoir encadré l’usage. Ces monnaies, utilisées uniquement au sein d’un réseau qui privilégie les commerces et les producteurs de proximité, engagent le consommateur dans une démarche responsable et l’incitent à faire vivre le tissu économique local.
Avec 2,4 millions de salariés, soit 12,8% de l’emploi privé, l’ESS est un poids lourd de l’économie française. Mais elle reste méconnue du grand public. Les pouvoirs publics doivent prendre la pleine mesure de ce potentiel et aider la filière à se développer. Compte tenu de la philosophie du projet d’Emmanuel Macron, il n’est pas étonnant que celui-ci en ait fait une priorité, en confiant à Christophe Itier la charge d’un Haut-Commissariat à l’ESS et à l’innovation sociale. Celui-ci promet d’agir sur plusieurs fronts : support financier, suppression des freins réglementaires et soutien à l’innovation sociale, notamment par le lancement de l’initiative French Impact. Derrière chaque entreprise de cette économie, c’est un véritable projet de société qui se dessine, promesse d’un développement économique harmonieux et respectueux des hommes et de l’environnement. L’ESS a de beaux jours devant elle !