Les forces de l’ordre sont aujourd’hui en crise : perte de sens d’un métier parasité par les procédures administratives et la politique du chiffre, impopularité, crise de confiance, incompréhension de leurs revendications par la hiérarchie… Si l’on ajoute à cela les suppressions de postes décidées ces dernières années et les millions d’heures supplémentaires impayées, on comprend aisément leur état d’épuisement physique et moral. Pour remédier à cette situation, le gouvernement prépare une réforme de la procédure pénale, visant à réduire les contraintes administratives pesant sur les policiers. Attention, néanmoins, à ne pas briser le délicat équilibre entre efficacité et respect des droits de la personne.
Dans le même temps, un mouvement s’amorce pour rapprocher la sécurité de l’échelon local. L’idée que les maires et leurs auxiliaires soient en mesure de mieux apprécier la réalité du terrain et d’être plus en phase avec la population commence à faire son chemin. Les policiers municipaux pourraient aussi voir leurs compétences élargies : accéder au fichier des véhicules volés, procéder à des contrôles d’identité… Il n’en reste pas moins que certains enjeux, comme le trafic de stupéfiants et le terrorisme, dépassent largement le cadre des municipalités et leurs moyens limités. Plus qu’une décentralisation, c’est donc une déconcentration et un rapprochement des policiers du terrain qu’il faudrait opérer. C’est ce que le gouvernement a décidé avec la création d’une nouvelle police de sécurité du quotidien, dont le but est de recréer un lien de proximité avec la population en passant plus de temps au contact de celle-ci. Au total, 1 300 policiers et 500 gendarmes seront déployés d’ici 2020 dans 60 quartiers sensibles et 20 départements prioritaires.
Enfin, dans un contexte budgétaire tendu, on peut s’interroger sur la place de la sécurité privée. Là aussi, la question est délicate, et une mission parlementaire sur le sujet vient d’être mise en place. Les acteurs privés ont récemment vu leurs compétences renforcées par le législateur : la loi antiterroriste d’octobre 2017 leur permet de procéder à des palpations et des fouilles au sein des périmètres de protection nouvellement institués, et ils peuvent, depuis 2018, porter une arme sous certaines conditions, s’ils sont accompagnés d’un policier.
Restaurer la confiance implique aussi un changement de culture pour ne plus faire de la satisfaction des usagers une donnée annexe. La police est avant tout un service public.